Le Cellier du Luc fait partie du Haut Plateau
Ardéchois. Les habitants ont à leur
avantage un sol cristallin fertilisé par des
épanchements basaltiques, mais à leur
desavantage un climat rigoureux limitant singulièrement
les possibilités agricoles. Ils ont hérité
des vertus celtiques et sont habitués depuis
toujours à batailler contre une nature sévère
et avare de ses dons.
Fait essentiel : cette région fut le royaume
de prédilection du régime féodal
qui s'y implanta si fortement qu'il ne s'est effondré
qu'aux toutes dernières générations,
n'ayant changé qu'en apparence à l'époque
révolutionnaire.
Là, plus qu'ailleurs, se manifeste l'amalgame
hiérarchique qui régnait dans la société
du Moyen-Age, groupant entre eux, pour former un tout,
les soldats, les travailleurs et les hommes de prière.
Cette forte coordination, cimentée matériellement
et spirituellement, a permis à ces hommes de
la montagne vivaroise de survivre à travers
les calamités et les luttes de toute sorte.
Leur travail communautaire et séculaire, nous
en voyons la trace dans ce pays de forêts, de
landes et de prairies, dont le grave visage contraste
avec celui des terres ensoleillées de l'
Ardèche méridionale, bien qu'il
n'y ait entre ces deux régions qu'une distance
d'une cinquantaine de kilomètres.

Les rapports humains étaient aussi d'une rudesse
et d'une apreté qu'il ne faut pas édulcorer.
Il en allait de même pour les emphytéotes
ou tenanciers censitaires des petits mas ou domaines
dépendant des abbayes montagnardes, qu'un acte
du Cartulaire de Mazan de 1209 appelle les pagès,
d'où dérivera le mot pagel, ou bénéficiers,
pagenses et beneficiarii.
La condition des tenanciers des seigneurs laïcs
était plus dure que celle des tenanciers monastiques.
Ils avaient d'abord à verser le cens ou redevance
annuelle, qui d'une manière générale,
se payait partie en nature et partie en espèces.
Ce cens était doublé à chaque
changement de seigneur ou de tenancier; c'était
le droit de mutation ou de succession. Dans certains
endroits, ce droit de mutation représentait
la treizième partie de la valeur du fonds;
c'est ce qu'on appelait le "trézain".
Les tenanciers laïcs étaient par ailleurs
tenus au service militaire dans les limites de la
seigneurie et au guet dans le château-fort,
aux corvées, par exemple une journée
d'homme "manoeuvre" et deux de boeufs ("boyrade"),
deux journées de fanage et deux de labourage.
Ils étaient également soumis à
l'aide ou taille seigneuriale.
A cette taille seigneuriale occasionnelle, dont les
cas étaient déterminés par la
coutume des lieux, s'ajouta pour eux à partir
du début de la guerre de Cent ans, la taille
royale, à verser chaque année au roi
de France, dont n'étaient exempts que les "
taillables et corvéables à merci ".
Enfin, les cultivateurs devaient verser à l'église
de leur paroisse une petite portion de leur récolte,
la dîme ecclésiastique; à vrai
dire, malgré son nom, cette taxe ne représentait
ordinairement que la vingtième partie des fruits
de la terre et des revenus du troupeau.
Les montagnards ardéchois ont su de tout temps
concilier intelligemment leur triple vocation de forestiers,
de défricheurs et d'éleveurs.
Les
mariages entre les personnes habitant la paroisse
ou ses environs et celles demeurant dans d'autres
communes, étaient assez rares. Il s'ensuit
que les parentés étaient fréquentes,
et que beaucoup de gens portaient le même nom,
voir le même prénom. On les distinguait
par des surnoms. L'ensemble des habitants de chaque
village étaient de même affublés
de sobriquets plus ou moins moqueurs. En outre, il
n'était pas rare que le fils ainé de
la maison fut appelé, dès son plus jeune
âge, du nom de sa famille modifié par
un diminutif.
Celà indiquait la volonté du père
de souligner la qualité du fils, continuateur
de la maison paternelle.
Les
habitants du Cellier du Luc s'appellent : Les Lucocellariens
et ont pour sobriquet : Lous birounaires (Les
artisans du bois).
Voici
quelques sobriquets de nos voisins :
Laveyrune |
Lous
caoutcho luno (Les briseurs de lune). |
Lavillatte |
Lous
fumas (Les fumeurs). |
Loubaresse |
Lous
escouflo bouto (Les buveurs de bouteille). |
Le
Plagnal |
Lous
embasto vacho (Les tapeurs de vache). |
Borne |
Lous
saouto ron (Les sauteurs de rochers). |
Saint
Alban en Montagne |
Lous
trempo lono (Les trempeurs de laine). |
Saint
Laurent les Bains |
Lous
trempo quiou (Les baigneurs). |
Saint
Etienne de Lugdarès |
Lous
milans (Les milans). |
Huédour |
Lous
curo bichou (les cureurs de biche) |
Coucouron |
Lous
petorabo (jouet) |
Les
Maires de Cellier du Luc
1792
|
Claude
Jouve Cabaretier, Officier public
|
1792
|
Baptiste
Sapède Cultivateur
|
1803
|
Jean
Merle Greffier la commune
|
1832
|
Joseph
Mathieu
|
1848
|
Augustin
Mercier
|
1850
|
Pierre
Assénat
|
1851
|
Joseph
Terme
|
1860
|
Jean
Louis Velay
|
1884
|
Jean
Baptiste Palpacuer
|
1896
|
Adrien
Roux
|
1909
|
Baptiste
Chanial
|
1913
|
Joseph
Clavel
|
1918
|
Pierre
Chanial
|
1919
|
Joseph
Clavel
|
1919
|
Adrien
Roux
|
1929
|
Pierre Chanial
|
1934
|
Joseph
Chanial
|
1944
|
Baptiste
Mercier
|
1945
|
Edme
Chanial
|
1959
|
Louis
Palpacuer
|
1963
|
Antonin
Vialle
|
1977
|
Alphonse
Dubois
|
2008
|
Marie-Paule
Sapède
|